Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sent des plus grands avantages au Bengale, parce qu’ils sont, en quelque sorte, maîtres de ce pays depuis qu’ils ont vaincu les armées du nabab et du grand Mogol ; aussi peut-on dire qu’ils y règlent à leur volonté le commerce des autres nations. Quoiqu’ils eussent formé de bonne heure des établissemens dans ces contrées, ils n’y avoient cependant qu’une existence bien précaire, en comparaison de celle des Hollandois, sur-tout vers les années 1755 et 1756, époque où ils sembloient ne pouvoir plus s’y maintenir, et qui fut celle où ils parvinrent à cette grande prospérité dont ils jouissent maintenant.

Le nabab de Cassimbazar, ou vice-roi du Bengale, désirant de se procurer quelques marchandises d’Europe, envoya en 1755, un de ses officiers au chef-lieu des Anglois à Calcutta pour en faire la demande. Le gouverneur, homme colérique et brutal, fit saisir cet officier, et, sous prétexte de quelque mécontentement, ordonna de le fouetter, et le renvoya ensuite au nabab, sans daigner donner les marchandises que celui-ci avoit fait demander.

Le nabab, irrité de cette conduite des Anglois, marcha sur-le-champ avec ses troupes vers Calcutta, qu’il prit et saccagea, en fai-