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font avec beaucoup de précaution une incision dans la tête, afin de ne pas blesser la pellicule intérieure, sans quoi le pavot meurt sur-le-champ. Après avoir fait ces incisions aux têtes des pavots, ils reviennent le lendemain matin aux champs, et raclent doucement avec une petite coquille le suc figé qui a coulé du pavot, qu’ils mettent dans de petits vases, dont ils se sont munis pour cet effet ; ils font ensuite une autre incision au pavot, dont ils viennent de nouveau rassembler le suc le même soir. Aux têtes d’une bonne qualité on peut faire successivement trois ou quatre de ces incisions. C’est aux mois de janvier et de février que se fait cette récolte.

Après que le suc des pavots a suffisamment fermenté et qu’il a acquis la consistance nécessaire, on en fait des gâteaux. On ramasse les feuilles des fleurs qui sont tombées à terre, en les mouille l’une après l’autre avec un peu d’eau, et, les faisant coler ensemble, on en forme des disques de la grandeur d’une assiette ordinaire. Un homme prend alors avec les mains le suc de pavot, qu’il met sur les feuilles ainsi disposées, de l’épaisseur de trois à quatre doigts ; après quoi il recouvre le tout de ces mêmes feuilles.

Quand toutes ces opérations sont finies on