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friands, et le mêlent avec leur tabac à fumer, ou bien ils le mâchent pur.

C’est au mois d’octobre qu’on sème l’opium dans des terres qu’on a préparées avec beaucoup de soins et de peines. Quinze jours ou trois semaines après on arrache quelques semences hors de terre pour voir si elles ont germé et si elles commencent à pousser des racines. Quand cela a lieu, on se met à arroser les terres qui sont entrecoupées de rigoles destinées à conduire l’eau le long des champs.

Lorsque les têtes des pavots commencent à mûrir, ce qui n’a lieu que lorsque les feuilles des fleurs sont tombées, le cultivateur examine tous les jours quelques-unes des têtes les moins fournies, pour voir si elles sont bonnes à donner le suc. On se sert pour cette opération d’un petit couteau fort tranchant, avec lequel on fait, dans la matinée, une petite incision dans une tête de pavot : si le soir on trouve qu’il en a découlé un suc gommeux (qui est le véritable opium), c’est un signe que toutes les têtes sont mûres. Alors une quantité incroyable de personnes de tout âge et de tout sexe se rend dans les champs pour aller ouvrir les têtes des pavots. Pour cet effet ils prennent la tête du pavot dans le creux de la main, en tenant la queue entre les doigts, et