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pèces ne manquent pas dans les champs et dans les vieux bâtimens ; aussi est-il fort dangereux de marcher par des tems humides dans l’herbe, où ces reptiles sont alors cachés de manière à ne pouvoir être apperçus, Si par malheur on vient à marcher sur leur corps on est certain d’en être mordu ; mais on en est quitte pour un peu de douleur si l’on peut sur-le-champ trouver un de ces conjureurs de serpens dont j’ai parlé ; sans leurs soins on court souvent le danger de mourir de la piquure. Il y a aussi des scorpions, des scolopendres et plusieurs autres insectes, dont les plus incommodes sont les mouches, les cousins et les punaises, qui ne cessent de tourmenter jour et nuit les habitans de cette contrée.

Les oiseaux de proie et d’autres genres abondent au Bengale. On y remarque sur-tout une espèce d’aigle à cause de sa grande taille : cet oiseau ne vit que de charognes. Il y a une autre sorte d’oiseau de proie de la force du milan, qui pousse l’audace jusqu’à venir enlever la viande ou le pain qu’on tient à la main, comme j’en ai vu des exemples aux enfans de la maison que j’habitois : ils sont, comme les jakhals, d’une grande utilité par la pâture qu’ils font des cadavres abandonnés sur les bords du Gange.