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pouces de diamètre, qu’ils appellent gernial, lequel donne un son assez fort pour être entendu de très-loin. On commence par annoncer les quarts, après quoi on fait connoître combien de fois la coupe s’est remplie d’eau dans ce quart. Ce n’est qu’au chef d’un lieu qu’il est permis d’avoir chez lui un gernial ; et ce chef même n’a pas l’autorité d’annoncer la première division du premier quart après six heures ; c’est un privilège qui n’appartient qu’au nabab seul. Pour veiller à cette division du tems il faut être de la caste des bramines.

Les embarcations dont on se sert dans l’intérieur des terres sur le Gange, sont extrêmement légères et faites d’ais fort minces, sans quille et sans membrures. Ils se contentent de joindre ces planches bord contre bord avec des crampons, et de boucher les joints avec un peu de mousse ou de suif. Le bau de ces bâtimens est aux deux tiers vers l’arrière, où, en formant une échancrure, ils sont, pour ainsi dire, à fleur d’eau. Ils se rétrécissent beaucoup vers l’avant, et ont fort peu d’œuvres mortes. Quoiqu’il y en ait de différentes grandeurs, ils sont néanmoins tous de la même coupe. Quelques-unes de ces embarcations portent cinquante mille livres de poids et mê-