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compagne toujours le requin : on le nomme pilote, parce qu’on soupçonne que c’est lui qui va à la piste de sa proie. Il est bien plus difficile à prendre que le requin même. Cependant nous eûmes le bonheur d’en harponner un avec une foëne, car ils ne mordent jamais à l’hameçon. Sa longueur étoit d’environ huit pouces ; il avoit autour du corps des bandes blanches et d’un bleu foncé, chacune d’environ un pouce de large. Il pesoit à peu près deux livres ; sa chair nous parut appétissante et moins sèche que celle des autres poissons de mer.

Après avoir attendu long-tems, nous eûmes enfin, le 17 septembre, par la latitude nord de 3½°, le vent alisé de sud-est, avec lequel nous passâmes la ligne le 22 du même mois vers le soir, au jour et à l’heure même que le soleil entroit dans les signes du Midi. La chaleur étoit ce jour là de 77° ; et, suivant notre estime, nous nous trouvions à six degrés et demi à l’ouest du méridien de Ténérif.

Le 30, nous trouvâmes que nous avions dépassé le cap Saint-Augustin, et le 6 octobre les Abrolhos. Le cap Saint-Augustin forme la pointe orientale du Brésil, qu’il est difficile de regagner, si on a eu le malheur de tomber à l’ouest, sans repasser encore une fois la li-