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entière. C’est ordinairement avec un grand hameçon, attaché à un épais fil de fer long de quatre à cinq pieds, qu’on prend ce poisson. Ce fil de fer tient à une longue corde bien forte, qui se trouve attachée au vaisseau. À six pieds environ de l’hameçon, on fixe un morceau de bois, lequel en nageant soutient l’hameçon, auquel on met un morceau de lard ou de viande. À l’instant que le requin a saisi l’hameçon, on fait filer la corde, sur-tout quand l’animal est grand ; ce qu’il est facile de voir, parce que l’eau est fort limpide dans les hautes mers. Ensuite on tire peu à peu la corde à soi, jusqu’à ce que l’animal recommence à s’éloigner. On réitère ce manège autant de fois qu’il est nécessaire pour fatiguer le requin ; qu’on hisse alors à bord par le moyen de fortes cordes qu’on tâche de passer autour de son corps. On le tue ensuite, ou on l’étourdit du moins, en le frappant sur la tête avec des pieds de chèvre et des pioches, afin de pouvoir lui couper la queue sans danger. Cet animal a quelquefois attaché à son corps cinq, six, et même un plus grand nombre, de remores, qui ne le quittent point, et qu’il est même difficile d’en arracher tant elles y tiennent fortement.

Il y a une autre espèce de poisson qui ac-