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d’argent, ainsi que cela arriva à un directeur de la Compagnie des Indes, qui se vit contraint de donner vingt cinq mille roupies pour avoir commis une semblable étourderie.

Quand une femme refuse de se brûler avec son mari, elle est généralement méprisée, et il lui est défendu de se remarier. On lui coupe alors les cheveux, et toute la famille est couverte de blâme. Aussi les parens n’épargnent-ils aucun moyen pour les engager à faire le sacrifice de leur vie ; mais cela est rarement nécessaire, à ce qu’on m’a dit, parce qu’elles sont assez courageuses pour se soumette d’elles-mêmes à ce sort cruel.

Peu de tems avant mon arrivée sur le Gange, un riche Bengalois, le courtier de notre Compagnie, avoit laissé en mourant une belle femme, âgée de dix-sept ans, avec laquelle il n’avoit cohabité qu’une seule fois au commencement de son mariage, s’étant donné tout de suite une concubine qu’il avoit conservé tout le reste de sa vie. À sa mort, les parens de la femme, qui n’ignoroient pas la mauvaise conduite que son mari avoit tenue à son égard, voulurent l’engager à ne pas se brûler avec lui ; mais elle répondit que, s’étant engagée pour toujours à lui, elle vouloit le suivre après sa mort. Ce même jour elle fit préparer, d’un