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Quand tout cela fut fini on porta le mort au bûcher, et la femme fut conduite par deux de ses parentes sur le bord du Gange pour s’y baigner. Au sortir de l’eau on lui ôta ses habits et on enveloppa son corps d’un morceau d’armosin rouge. Pendant qu’elle étoit assise sur ses talons un de ses parens lui ôta l’anneau d’or de son nez et le lui présenta ; mais elle le lui rendit sur-le-champ, en le priant de le garder comme un souvenir. Elle retourna alors à la rivière, et puisant de l’eau de ses deux mains, elle l’offrit au soleil en récitant à mi-voix quelques prières. On lui enleva ensuite ses ornemens, entr’autres, ses bracelets, qui furent rompus, et on lui passa autour du col et des bras des couronnes de fleurs blanches ; ses cheveux furent relevés par le moyen de cinq peignes, et on lui frotta, comme à son mari, le front avec de l’argile ; sa tête fut couverte du voile d’armosin rouge, et son corps entourré d’un linge dans lequel les bramines avoient mis du riz bouilli.

Enfin, elle prit pour la dernière fois congé de ses amis, et fut conduite par deux de ses proches parens au bûcher. Étant arrivée près du chevet où reposoit la tête de son mari, elle jeta des fleurs et du riz bouilli sur les assistans ; prit ensuite une poignée de ce même