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que le sang en sortoit. Après que ce jeu eut duré quelque tems, il prit un grand serpent de douze à treize pieds de long, bigarré de fort belles couleurs vertes et jaunes, et s’en fit pareillement mordre sur la poitrine, de manière que le reptile y resta attaché, sans que cela parut lui nuire le moins du monde. Ensuite il mit la tête d’un petit serpent dans sa bouche ; le reptile s’attacha sur-le-champ à sa langue, et entortilla de sa queue son col et ses bras ; cela parut également ne point lui nuire, si ce n’est que le sang lui couloit le long du visage et de la poitrine.

Ces conjureurs de serpens ne meurent jamais, à la vérité, de ces morsures ; parce qu’ils ont soin d’enlever journellement le venin de ces reptiles ; cependant ils ont le corps tout galeux et couvert de pustules.

Un des grands plaisirs des Mores et des Bengalois est de faire danser des femmes qu’on élève à ce métier dès leur enfance. Leurs repas et leurs fêtes leur paroîtroient insipides s’ils n’étoient pas égayés par une troupe de six ou huit bayadères. Ces femmes viennent toujours accompagnées de quelques musiciens avec des crotales, des tambourins et un instrument qui ressemble assez au violon, sur lequel ils frottent avec une baguette de bois ; ce