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jusqu’à ce que l’animal paroisse et s’élance sur lui en sifflant ; alors il laisse tomber son flagolet, prend le reptile avec les deux mains et, le frappant avec la tête contre la terre. le tue ordinairement ainsi du premier coup, sans en avoir été mordu. Ils savent enlever à ces animaux leur venin par le moyen d’une boulette de capok ou coton, avec laquelle ils l’ôtent des petites vessies qui sont placées entre les dents. Ils les conservent ensuite dans des paniers d’osier, pour les faire danser devant le peuple.

Pendant mon séjour à Voltha, je fis venir un de ces conjureurs, pour voir par moi-même la manière dont ils opèrent. Il avoit avec lui trois petits paniers dans lesquels étoient plusieurs serpens. Il en prit deux de l’espèce qu’on nomme serpent-capelle (cobra de capelo), qu’on dit être les plus venimeux, et les jeta par terre dans l’herbe. Ils se dressèrent aussitôt à mi-corps et s’élancèrent l’un vers l’autre en sifflant, et cela toutes les fois qu’il les excitoit ; souvent aussi ils se lançoient vers les spectateurs, mais alors il les prenoit subitement par la queue pour les arrêter. Dans d’autres momens, il les animoit contre lui-même, et se laissoit mordre par eux sur la poitrine, sur les mains, sur le front jusqu’à ce