Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Parmi plusieurs de ces fakirs que j’ai vu, il y en avoit un qui, à force de tenir son bras levé en l’air, ne pouvoit plus en faire usage ; d’autres, en tenant leur corps courbé en avant, avoient perdu la faculté de se redresser, et ressembloient à une équerre renversée ; il y en avoient aussi qui s’étoient condamnés à traîner pendant toute leur vie de grosses chaînes de fer. J’ai déjà dit, dans mon voyage, que j’en avois rencontré un dans l’intérieur des terres qui s’étoit passé par le prépuce un anneau de cuivre de la grosseur d’une plume à écrire, auquel pendoient trois anneaux de fer ; ce qui ne paroissoit point cependant le gêner dans sa marche.

On trouve aussi au Bengale un grand nombre de jongleurs et de conjureurs de serpens. Ces derniers exercent leur métier à bas prix, et se tiennent principalement dans les villages. Quand on soupçonne qu’il y a dans quelque endroit un serpent, on fait venir un de ces conjureurs, qui se traîne par terre sur ses mains et sur ses pieds ; de cette manière il parcourt tous les coins pour chercher l’animal, qu’il découvre bientôt, s’il y en a un, par l’odorat seul. Lorsqu’il est parvenu à savoir l’endroit où est le serpent, il s’asseoit par terre et se met à jouer d’une espèce de flagolet d’os,