Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la rivière, qu’ils y versoient à l’instant même, en répétant à basse voix leurs prières ; mais aussitôt qu’ils avoient puisé pour la dernière fois de l’eau, ils sortoient du Gange, et la versoient sur le bord de ce fleuve. Là, ils formoient, avec une argile jaunâtre, un signe en manière d’Y sur leurs yeux et sur leur nez. Ils marquoient aussi de même les autres Bengalois, avec cette différence néanmoins qu’ils ne leur traçoient qu’une simple ligne droite sur les mêmes parties du visage.

Après s’être baignés, ils se rendent aux pagodes pour y faire leurs prières, et pour orner de fleurs leurs idoles, qu’ils saupoudrent de bois de sandal. On m’a raconté que dans les environs de Daca il y a des bramines qui, loin d’être aussi ignorans que beaucoup d’autres de cette caste, ont, au contraire, des idées fort saines et fort pures de la Divinité, quoiqu’ils n’aiment point à s’entretenir sur ce sujet avec les étrangers.

Ce pays est rempli d’une espèce de moines mendians qu’on appelle fakirs, qui sont, en général, le rebut de tout ce qu’il y a de plus vil parmi ce peuple. Ils ne font absolument rien, et vivent des aumônes qu’ils reçoivent des personnes superstitieuses. Ils vont tout nu, sans connoître aucune espèce de pudeur, et