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bre impair est regardé comme favorable, le nombre pair, au contraire, est réputé funeste. Quand ils font ou reçoivent quelque paiement considérable, ils aiment mieux perdre une roupie que de prendre ou de donner un nombre pair.

Leurs temples ou pagodes sont, en général, des bâtimens carrés et peu élevés, construits en pierre et surmontés d’une coupole. Comme ils ne reçoivent le jour que par la porte, ils sont nécessairement fort obscurs. Dans l’endroit le plus profond, et le plus sombre par conséquent, est placée l’image de leur divinité, sous une forme hideuse, avec un grand nombre de bras et de mains, dans chacune desquelles elle tient quelque attribut. J’ai vu une de ces idoles d’une forme humaine, qui étoit représentée assise : sa tête étoit fort grosse en comparaison de son corps ; sa langue lui pendoit hors de la bouche jusqu’au milieu de la poitrine ; ses yeux étoient fort ouverts et fixes ; elle avoit quatre bras et quatre mains ; la première, dans laquelle elle n’avoit rien, étoit tournée avec la paume en l’air ; elle tenoit une petite tablette dans la seconde ; la troisième étoit armée d’un sabre nu, et de la quatrième elle empoignoit une tête d’homme par les cheveux. J’en ai vu avec huit et même avec seize