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dis qu’une troupe de musiciens le suivoit en jouant de tambourins et de cimbales, ce qui formoit un tintamare affreux. Arrivés au bord du Gange, on plaça les niches et les musiciens dans des embarcations, où ceux-ci continuèrent leur étourdissante musique ; tandis que les autres étoient occupés à chasser les mouches. Il y en avoit aussi qui ne cessoient de danser devant la déesse, en prenant les attitudes les plus obscènes. De cette manière, ils se promenèrent sur la rivière, laquelle étoit couverte d’une infinité de grandes et petites embarcations, toutes richement décorées de banderolles. L’allégresse étoit universelle, et chacun s’efforçoit de donner à sa manière des preuves de la part qu’il prenoit à la fête.

Au coucher du soleil, on enleva toutes les niches des embarcations, et on les jeta dans le fleuve : c’est ainsi que se termina cette cérémonie, laquelle, autant que j’ai pu le comprendre, est une image allégorique du mariage ; car en suppose que le Gange épouse tous les ans la déesse Doulga ; et les figures d’enfans qu’on voyoit à ses côtés, étoient les fruits de cette illustre union. Les attitudes lascives qu’on se permettoit devant la déesse étoient destinées à l’exciter à la procréation d’un plus grand nombre d’enfans, afin de pou-