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Pendant la dernière nuit on fit l’offrande solemnelle d’un jeune buffle ; voici cette cérémonie. Au milieu de la salle, vis-à-vis l’estrade, on creusa dans la terre une grande fosse oblongue, au bout supérieur de laquelle on mit deux pieux à peu de distance l’un de l’autre. Après avoir emmené le jeune buffle tout décoré de fleurs, on le plaça dans la fosse, avec le cou entre les deux pieux, et la tête tournée vers la niche. On prend comme un signe favorable lorsque le buffle tient constamment les yeux fixés sur l’idole sans les remuer et sans détourner la tête ; l’on est persuadé alors que la déesse reçoit avec plaisir l’offrande ; mais on tient pour un mauvais augure l’effort que peut faire l’animal pour tourner la tête de côté ou d’autre. On place sur le col du buffle une traverse de bois qui s’attache aux deux pieux dont j’ai parlé, de manière qu’il ne peut plus lever la tête. Après ces préparatifs, ils tirent de toute leur force l’animal par la queue pour lui faire avancer la tête, qu’un bramine lui abat alors d’un seul coup. On porte cette tête devant la déesse, et la multitude se livre aux plus grands excès de joie. Mais lorsque le bramine doit employer plus d’un coup pour séparer la tête du corps, le peuple montre une profonde tristesse, parce