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Lingam. Le culte qu’ils lui rendent est, sans contredit, le plus abominable qu’on puisse trouver parmi aucune secte d’idolâtres. Tout ce qui entourroit cette niche étoit orné d’or et d’argent de manière à éblouir la vue. De tems en tems ils se jetoient à terre devant l’idole et lui présentoient pour offrande des fleurs, des parfums, de petits morceaux d’or et d’argent, et même des pièces de monnoie de ces deux métaux ; que les bramines avoient grand soin de ramasser après la fête.

Au lambris de la salle pendoit un grand nombre de noix de cocos, de noix d’arec et d’autres fruits. Il y avoit un prodigieux concours de monde, et tout étoit rempli excepté le milieu de la salle, qu’on avoit soin de laisser libre pour les bayadères, lesquelles ne cessèrent de danser pendant les trois nuits, depuis le soir jusqu’au matin, devant la figure de Doulga, en prenant toutes sortes d’attitudes lascives et obscènes. Leurs yeux étoient constamment tournés du côté de la niche pendant qu’elles dansoient au son de tambourins, de cimbales et d’autres instrumens, et qu’on chantoit des cantiques en l’honneur des divinités dont on célébroit la fête. Tout cela formoit un bruit confus, qui cependant n’étoit pas désagréable.