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et a produit tous les maux qui affligent l’humanité. On ne sauroit se faire une idée des imprécations et des malédictions dont ils accablent ce mauvais Principe, sur-tout quand il tonne et qu’il fait des éclairs, phénomènes qu’ils attribuent à cet Être malfaisant. Ils le représentent sous la figure d’un dragon, ou d’un serpent à quatre pattes, que le bon Principe terrasse sous ses pieds. Ils donnent également à ce dernier toute sorte de formes bisarres.

Ils croient à une autre vie, où les bonnes et mauvaises actions seront récompensées et punies ; mais ces notions sont tellement obscurcies par leurs chimères sur la métempsycose, que je n’ai pu en concevoir une idée exacte. Ils disent que ce monde aura une fin, et qu’alors le bon Esprit, après avoir tout anéanti, demeurera seul avec le Gange, sur lequel il nagera, assis sur une feuille de pisang, avec deux arbres de bétel près de lui, pour jouir ainsi, de siècle en siècle, d’une douce et imperturbable quiétude.

Ils ont, entre autres, trois grandes fêtes ; savoir, la fête du Gange, celle de Mariatale et celle des ablutions.

On célébra, pendant mon séjour à Chinsura, la fête du Gange, au mois d’octobre ;