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en un mot, de tout ce qui a reçu vie. Ils aiment beaucoup le lait aigre et caillé, auquel ils donnent le nom de tayer. L’eau seule fait leur boisson, et jamais ils ne font usage d’aucune espèce de liqueur forte qui puisse troubler leur raison, si ce n’est la dernière caste qui se livre par fois à des excès avec une sorte d’eau-de-vie qu’on tire du riz avarié.

Je n’ai rien pu apprendre de particulier touchant leur religion, si ce n’est des cérémonies extérieures ; d’ailleurs, plusieurs écrivains instruits ont déjà traité à fond cette matière. Je me suis souvent entretenu, par le moyen d’un interprète, avec leurs bramines ; mais je les ai tous trouvés d’une extrême ignorance, ou, pour mieux dire, d’une invincible obstination à ne rien révéler de ce qui concerne leurs principes religieux. Et lors même qu’ils daignoient répondre à mes questions, leurs discours étoient si vagues, si incohérens que jamais la fin ne s’accordoit avec ce qu’ils m’avoient dit d’abord. Tout ce que j’ai pu apprendre d’eux avec quelque certitude, c’est qu’ils reconnoissent un Être-Suprême, lequel a sous lui quelqu’autres divinités, dont le Gange paroît être la principale. Cet Être-Suprême, selon eux, a produit tout ce qui est bon ; mais un second Principe s’est élevé contre cet Être,