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proie. Quoique la dorade soit le meilleur poisson qu’on prenne dans les hautes mers, il faut convenir cependant que sa chair est un peu sèche : la queue rôtie sur le gril a le goût de notre merlus. Le dauphin, qu’on dit être le mâle de la dorade, a la même forme et le même goût ; mais ses couleurs ne sont pas aussi belles. L’albicore est un poisson gros et ramassé, avec une tête pointue, un gros ventre et une queue mince. Son dos est d’un brun foncé et son ventre blanc. Sa chair est plus ferme, plus sèche et moins délicate que celle de la dorade ; cependant elle fournit une bonne nourriture aux marins. Nous en prîmes qui pesoient au-delà de soixante et même de soixante-dix livres ; de sorte que nous avions de la peine à les tirer à bord du vaisseau avec la ligne. L’albicore ne va jamais seul, mais toujours par grandes troupes. On le prend avec l’hameçon ou bien avec le harpon. Ce n’est pas seulement du poisson volant qu’il fait sa nourriture, mais, en général, de toutes les autres espèces de petits poissons. Nous en eûmes un jour un agréable spectacle : nous vîmes de loin un grand nombre d’albicores qui formoient en nageant un cercle, en frappant fortement l’eau avec leur queue. Au milieu de ce cercle étoit une immense quantité de pe-