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Les Gentoux sont, à ce qu’on m’a dit, divisés en plus de soixante-dix castes. La caste des bramines est la plus distinguée ; la dernière et la plus méprisée est celle des parias, destinée à enlever les charognes et toutes les autres immondices.

Pour maintenir la pureté de ces castes, il est défendu à tout Bengalois de prendre une femme dans une caste inférieure à la sienne, sans quoi il perd le rang de sa caste et passe à celle de la femme qu’il épouse. Cette espèce de dégradation a pareillement lieu quand il mange avec une personne d’une caste au-dessous de celle dont il est. Il y a encore plusieurs autres causes qui peuvent faire perdre aux Bengalois la place qu’ils tiennent dans la société ; aussi sont-ils extrêmement scrupuleux sur tout ce qui peut y donner occasion ; et ils préfèrent de souffrir la plus extrême misère, plutôt que de courir le risque de se voir déchus de leurs droits. Chaque caste exerce une profession différente dans laquelle le fils succède à son père ; ce qui les y rend naturellement fort habiles. C’est ainsi que le fils d’un bramine devient un prêtre ou savant, comme son père ; celui d’un kouly ou cultivateur prend le même état : un berra ; ou porteur de palanquin transmet cet état à son fils,