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bien faits de stature, et je n’ai vu parmi eux aucune personne qui fut contrefait ou boiteux, excepté certains fakirs, qui, par esprit de pénitence, laissent prendre à leur corps une position vicieuse. On trouve parmi ce peuple quelques individus dont le tein n’est pas tout à fait si brun, et tire plutôt sur le jaune ; mais cela est fort rare.

Ils sont, en général, fainéans, sensuels et timides ; leur plus grand bonheur consiste à dormir ou à rester dans l’inaction : il n’y a que le besoin de pourvoir à leur subsistance qui puisse les forcer à interrompre leur bienheureuse indolence. Ils ne manquent cependant pas d’industrie pour imiter ce qu’ils voient faire ; on les dit aussi fort inclins au vol.

Avant que cette contrée fut réduite sous la puissance des Mogols, qui y introduisirent le mahométisme, ces peuples avoient des mœurs beaucoup plus pures ; mais il s’est glissé parmi eux, avec cette religion, bien des vices qui leur étoient inconnus jusqu’alors.

Quoique ce peuple soit, en général, fort pauvre, il y a néanmoins quelques benjans, ou marchands qui sont assez riches, et qui ne craignent pas de se donner de la peine pour gagner une demi roupie ou un dolar. Ils sont fort adroits au commerce, et savent résoudre