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clarifie en moins de six heures, et se conserve même long-tems en mer.

D’Insely à Chinsura, où le Gange porte les plus grands vaisseaux, ce fleuve a depuis trois brasses et demie jusqu’à douze brasses de profondeur.

Les peuples du Bengale, d’Orixa, de Golconde, de Coromandel, etc., ont un grand respect pour le Gange, qu’ils regardent comme sacré ; les Gentoux l’adorent même comme une divinité ; et on célèbre tous les ans une fête en son honneur. Ces peuples s’imaginent aussi qu’en se baignant dans ce fleuve ils se purifient de leurs pêchés : ceux qui habitent près de ses bords s’y plongent au moins une fois par jour ; et ceux de l’intérieur des terres s’y rendent, de toutes parts, une fois par an ; il y en a même qui font plus de trente journées de chemin pour se laver dans ses saintes eaux.

À la fin du mois de mars j’ai vu arriver à Hougly et à Trepeny des troupes innombrables de personnes des deux sexes, qui venoient pour remplir ce pieux devoir. Ce concours de peuple dura trois jours. Tous ceux qui s’étoient baignés, hommes, femmes et enfans, emportoient avec eux quelque vase