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courussent dans ces parages plus au nord, ainsi que le portent les instructions que la Compagnie donne aux capitaines de ses vaisseaux ; mais bien, qu’il y règne alors des vents frais de sud-ouest, accompagnés quelquefois d’orages et d’un ciel brumeux. Plus nous approchions de la ligne et plus notre vaisseau étoit entouré de poisson, dont nous prîmes une grande quantité, tels que dorades, albicores, bonites, requins et autres, qui servirent d’une agréable et saine nourriture à l’équipage.

La dorade est un des plus délicats poissons de la mer. Elle est longue, plate et couverte de très-petites écailles. Il y en a qui ont six et même huit pieds de long ; cependant la plupart de celles que j’ai vu pêcher avoient rarement au-delà de six pieds, et pesoient, en général, dix à douze livres. La tête, qui est obtuse et ronde, est aussi la partie la plus large du poisson, dont le corsage diminue de grosseur en allant vers la queue. Lorsque la dorade nage à fleur d’eau, elle offre aux yeux différentes couleurs vives et brillantes, telles que le bleu, le verd, le doré, l’argenté, mariées d’une manière fort agréable. Ce poisson nage avec une grande vitesse, et s’élance quelquefois à plusieurs pieds au-dessus de l’eau, pour se saisir du poisson volant dont il fait sa