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j’ai déjà fait mention dans mon voyage au Bengale ; et la rivière même en est remplie, tant au milieu de son lit qu’à peu de distance de ses rives ; ces bancs sont fort à craindre pour les bâtimens qui montent ou qui descendent ses eaux.

C’est aux mois de juillet, d’août et de septembre que les eaux du Gange sont les plus hautes et que leur écoulement est le plus considérable ; sortant alors de son lit dans les endroits où ses bords sont les plus bas, elle inonde les terres voisines. Le flux et le jussant sont si forts pendant ce tems qu’ils menacent de tout entraîner.

Avant que le jussant ne soit fini, le flux commence déjà à se faire sentir ; ce qui ne se fait pas lentement, mais, au contraire, avec une grande impétuosité ; de sorte qu’on l’entend arriver à plus d’une lieue de distance.

L’eau s’élève alors quelquefois tout à coup à six et même à huit pieds. Rien ne peut résister à la rapidité de son cours : les vaisseaux et les barques sont arrachés de leurs ancres et entraînés au loin ; aussi a-t-on la précaution de les conduire à tems dans quelque endroit où ils soient à l’abri de ce refoulement. Ce mouvement du flux se fait de