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salpêtre et l’opium, il en fournit non-seulement à cette partie du monde, mais en remplit encore toute l’Europe.

Outre le riz, qui au Bengale et dans tout l’Orient, tient lieu de pain, il y croît aussi du fort bon froment, qu’on faisoit même passer autrefois à Batavia ; mais cela est maintenant défendu, pour ne point porter préjudice au Cap de Bonne-Espérance.

La terre du Bengale est grasse, légère, par conséquent facile à cultiver. Jamais on n’y porte le moindre engrais, quoiqu’on l’ensemence régulièrement tous les ans sans interruption, étant rendue fertile par les fortes averses et les inondations. On n’y avoit point encore eu de mauvaise moisson, si ce n’est ces deux dernières années, 1770 et 1771. Outre les bois et les forêts, il y a beaucoup d’arbres épars dans les campagnes ; mais on n’y trouve aucun de nos arbres d’Europe.

Parmi les différentes espèces d’arbres qu’on trouve au Bengale, il y en a une qui mérite attention : c’est le figuier des Indes. De ses branches partent de petits rejetons perpendiculaires, qui, en allant toucher la terre et y prenant aussitôt racine, servent de soutiens aux branches dont ils sont partis, et deviennent avec le tems eux-mêmes des arbres. J’ai décrit,