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et, pour ne point courir de danger sur les récifs, nous fumes obliges de passer entre cette île et l’île de Sel. Après avoir employé inutilement vingt-quatre heures à cette manœuvre, nous perdîmes enfin le 28 au soir ces deux îles de vue, en dirigeant notre route vers la ligne.

Deux jours après, le vent alisé de nord-est nous quitta, et courut au sud et sud-sud-ouest, qui étoit le rhumb que nous devions tenir. Nous nous trouvions alors par la latitude nord de 13½°. Ces vents variables étoient souvent accompagnés de forts orages et de grandes averses, dont nous profitâmes pour remplir nos tonneaux qui se trouvoient vides ; de sorte que cela nous permit de distribuer une plus grande ration d’eau à l’équipage, qui en avoit besoin à cause de la chaleur qui augmentoit chaque jour, quoique nous essuyâmes peu de calme, jusqu’à ce que nous eussions gagné de nouveau les vents alisés de sud-est : nous n’avions plus alors, pour ainsi dire, de malades. Nous éprouvions ordinairement ces orages au lever et au coucher de la lune, qui paroît avoir beaucoup plus d’influence sur l’atmosphère sous les tropiques que par-tout aillieurs. Cependant nous n’avons pas observé qu’aux nouvelles ou pleines lunes les vents