Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’empereur se trouvoit comme emprisonné dans sa capitale, les Anglois de Madras envoyèrent un ambassadeur à ce prince pour lui offrir de faire cause commune avec eux, afin de chasser les Hollandois de ses états ; en ajoutant qu’ils avoient à la main pour cette expédition un grand nombre de vaisseaux. Heureusement leur obstination fut cause que cette alliance ne se consolida point à tems, parce que l’ambassadeur anglois refusa de se jeter à terre ou de se mettre à genoux à la première audience qu’il eut de l’empereur, ainsi que cela est d’usage dans l’Orient et sur-tout à Ceylan. Cette contestation sur un cérémonial d’étiquette dura pendant quelques semaines, et dans cet entretems les affaires tournèrent à l’avantage de la Compagnie ; de manière que ces sourdes menées ne purent avoir aucune suite funeste.

Je fus extrêmement surpris de voir à Batavia que, nonobstant la défense rigoureuse de laisser faire aux particuliers le commerce des toiles et de l’opium, on souffroit néanmoins que les Anglois y apportassent des cargaisons entières de ces denrées, dont on leur facilitoit même la vente. L’exportation des sucres est également défendue aux particuliers à Batavia ; mais les Anglois en obtenoient des maga-