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nom de madame ne se donne qu’aux femmes des conseillers des Indes.

Un de leurs amusemens consiste à se promener le soir dans leurs voitures par la ville. Dans le tems que Batavia florissoit par son commerce, elles se faisoient accompagner par quelques musiciens ; mais cela n’a guère lieu aujourd’hui. Il est de même rare qu’on se promène en gondoles sur les canaux de la ville suivi de bandes de musiciens ; ce qui s’appelle orangbayen. Pendant mon séjour à Batavia il y avoit encore une comédie ; mais elle a été renvoyée peu de tems avant mon départ.

Tout le monde peut tenir voiture à Batavia ; mais il n’est pas permis de les faire peindre à son gré, et d’y avoir des portières de glace ; ce droit n’est accordé qu’aux membres du gouvernement, qui jouissent aussi du privilège de les faire peindre et dorer à leur fantaisie.

Chaque voiture est précédée d’un jeune esclave qui porte un bâton à la main : la loi a ordonné cette précaution, afin de prévenir les accidens qui pourroient arriver, à cause que les rues et les routes publiques n’étant pas pavées, on ne peut les entendre venir. Toute personne qui tient voiture doit payer cent trente-cinq rixdalers, ou trois cent quatre-vingt florins d’impôt par an. Il n’y a que les