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qui se montre en public avant ce tems-là manque aux règles de la bienséance.

À peine une veuve a-t-elle fait enterrer son mari (ce qui s’exécute toujours le lendemain de son décès), qu’elle se voit entourée d’un grand nombre d’adorateurs, pour peu qu’elle ait d’ailleurs de la fortune. Pendant mon séjour à Batavia, une femme qui venoit de perdre son mari, avoit eu au bout de quatre semaines son quatrième amant en titre, et trois mois après elle se remaria ; ce qu’elle auroit même fait plutôt, si elle n’eut été retenue par la loi.

L’habillement des femmes est fort leste : elles portent sur la peau une pièce de toile de coton qui enveloppe le corps en long et qu’on attache sous les bras ; par-dessus cette espèce de camisole elles ont une chemise, un gilet et un jupon ; le tout est couvert d’une robe (kabay) qui leur pend librement sur les épaules ; les manches descendent jusqu’aux poignets, où elles sont fermées par six ou sept boutons d’or ou de pierres précieuses. Quand elles sortent en cérémonie ou qu’elles se rendent dans une société où doit se trouver la femme d’un conseiller des Indes, elles se vêtissent d’une robe de mousseline, faite de la même manière que l’autre, mais qui leur descend