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elles se livrent aux plus grands excès de rage envers ces pauvres créatures, qui souvent n’osent refuser de satisfaire les lubriques caprices de leurs maîtres dans la crainte d’en être maltraitées. Elles font battre ces malheureuses sur les fesses avec du rotin jusqu’à ce qu’elles tombent presque mortes à leurs pieds, et ont encore mille autres manières de les tourmenter. Quelquefois elles les pincent avec les doigts des pieds (qu’elles ont communément sans chaussure dans la maison) dans certains endroits fort sensibles du corps, de manière à leur faire perdre le sentiment. Je rougirois de rapporter plusieurs exemples qu’on m’a cités des cruautés inouies qu’elles exercent sur ces tristes victimes de leur jalouse fureur. Après s’être ainsi vengées sur leurs esclaves, elles savent aussi user de représailles envers leurs maris, mais d’une manière moins cruelle et plus agréable pour elles-mêmes. La chaleur du climat et les suites de la vie déréglée des hommes avant leur mariage, conduisent naturellement les femmes à ces démarches peu honnêtes.

Les mariages se font toujours le dimanche à Batavia ; mais la nouvelle mariée ne sort jamais de chez elle que le mercredi au soir après avoir assisté au service divin : celle