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que le tabac de Java, dont elles font pareillement usage. Cette mastication donne à leur salive une teinte rouge comme du sang ; et avec le tems les bords de leurs lèvres et leurs dents en deviennent totalement noirs, quoiqu’on prétende que cette plante purifie la bouche, et guérit du mal de dents.

Les femmes indiennes ne manquent pas d’intelligence, et pourroient être des membres fort utiles dans la société, si leurs mères ne les abandonnoient pas en naissant entièrement aux soins des esclaves ; ce qui continue jusqu’à l’âge de huit ou dix ans. Ces esclaves, qui souvent du côté des qualités intellectuelles se distinguent à peine des brutes, inculquent à ces enfans des préjugés et des vices dont il est impossible, pour ainsi dire, qu’ils se défassent de la vie.

Les femmes de Batavia aiment beaucoup à se baigner ; elles ont pour cet effet dans leurs maisons des baignoires qui contiennent jusqu’à trois tonneaux d’eau, dont elles font usage au moins deux fois par semaine : il y en a qui vont tous les matins se baigner dans quelque rivière hors de la ville.

Les femmes sont ici fort jalouses de leurs maris ; pour peu qu’elles les soupçonnent coupables de quelque intrigue avec leurs esclaves,