Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ches ; mais on ne leur trouve point ce coloris frais qui fait un des principaux charmes de nos femmes d’Europe : un blanc mat et fade couvre leur visage et leurs mains. Au reste, il n’y a pas ici de femmes qu’on puisse appeler belles ; la plus jolie seroit tout au plus regardée comme passable chez nous. Elles ont les articulations foibles et fort flexibles ; de sorte qu’elles peuvent donner à leurs mains et à leurs bras des positions forcées et contre nature ; mais elles ont cela de commun avec toutes les femmes des Indes occidentales et d’autres pays chauds. C’est sans doute au grand nombre d’esclaves des deux sexes que les femmes de Batavia ont à leur service, qu’il faut attribuer leur caractère indolent et paresseux.

Elles se lèvent vers les huit heures, et passent toute la matinée à jouer et à rire avec leurs esclaves, qu’elles font souvent battre, peu d’instans après, d’une manière cruelle, pour la moindre faute qu’elles commettent. Elles restent assises légèrement vêtues, soit sur un canapé, soit sur une petite chaise basse, souvent même par terre avec les jambes croisées dessous le corps. Pendant ce tems elles ne cessent de mâcher le pinang ou bétel, que toutes les femmes de l’Inde aiment avec passion, ainsi