Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les enfans qui proviennent de ces mariages sont faciles à reconnoître, même jusqu’à la quatrième génération, particulièrement aux yeux, qu’ils ont beaucoup plus petits que ceux qui sont nés d’un père et d’une mère européens. Il y en a aussi qui descendent de Portuguais ; mais ceux-ci ne deviennent jamais entièrement blancs. On distingue par le nom de liplappen les enfans procréés dans l’Inde d’avec ceux qui ont vu le jour en Europe, quoique d’ailleurs les père et mère soient nés dans cette dernière partie du monde.

Les filles sont, en général, nubiles à douze ou treize ans ; et il est rare qu’elles ne soient pas mariées à cet âge pour peu qu’elles soient jolies, ou que leurs parens aient de la fortune ou jouissent de quelque considération. Aussi ignorent-elles parfaitement ce qui est nécessaire pour bien gouverner une maison ; beaucoup même ne savent ni lire ni écrire, et n’ont aucune notion de la religion ni des bienséances de la société. Ces mariages prématurés les empêchent d’avoir beaucoup d’enfans ; et à trente ans elles sont comptées parmi, les femmes âgées. Une femme d’Europe est à cinquante ans plus fraîche et plus ragoûtante que ne l’est à trente ans une femme de Batavia. Elles sont, en général, sveltes et blan-