Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusqu’à onze heures et demie. On dine à midi ; on fait ensuite la sieste jusqu’à quatre heures ; et depuis cette heure jusqu’à six on travaille de nouveau, ou bien on fait, en voiture, une promenade hors de la ville. À six heures commencent les assemblées qui durent jusqu’à neuf heures ; après quoi chacun s’en retourne chez soi. C’est, en général, à onze heures qu’on se couche. Ces sociétés sont assez gaies, quoiqu’il y règne néanmoins toujours une certaine circonspection, qui est la suite nécessaire d’un gouvernement arbitraire ; car le moindre mot qu’on laisse échapper peut être mal interprêté et avoir des suites fâcheuses. J’ai entendu dire à plusieurs personnes qu’à Batavia elles ne se fieroient à qui que ce fut, pas même à leurs plus proches parens. Les femmes ne se trouvent point aux assemblées des hommes ; elles ont leurs cotteries particulières.

Les hommes mariés ne se mêlent, en général, pas beaucoup de leurs femmes, et leur témoignent même peu d’égards. La plupart ne leur parlent jamais des affaires intéressantes de la société ; de sorte que ces pauvres femmes sont, après plusieurs années de mariage, aussi peu instruites que le jour de leurs noces : ce n’est pas qu’elles manquent d’esprit ; mais leurs maris négligent de le cultiver.