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de plus deux fiscaux. Une autre cour de justice particulière a la grande main sur les habitans qui ne sont pas salariés par la Compagnie ; elle porte le nom de collège des échevins.

Les exécutions sont fort rigoureuses, sur-tout pour les Orientaux. La plus terrible est celle qu’on appelle empaler (spitten). Je l’ai vu appliquer, en 1769, sur un esclave madecasse qui avoit assassiné son maître. On commença par coucher le criminel à plat sur le ventre ; pendant que quatre hommes le tenoient, le boureau lui fit une incision cruciale au bas des reins jusqu’à l’os sacrum, dans laquelle il fourra une broche de fer poli d’environ six pieds de long, de manière qu’elle passoit entre l’épine du dos et la peau. Deux hommes chassèrent avec violence cette broche jusqu’à ce qu’elle vint à sortir par la nuque du cou entre les épaules. Après quoi on attacha cette broche par le bout d’en bas à un pieu qu’on fixa ensuite dans la terre. Au bout d’en haut de ce pieu il y avoit, à environ dix pieds au-dessus du sol, une banquette sur laquelle reposoit le corps du patient. Ce malheureux ne jeta pas un seul cri pendant cette exécution, si ce n’est lorsqu’on riva la broche au pieu, et lorsqu’on dressa le pieu pour le fixer dans