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dont il seroit fort dangereux d’approcher.

Ce fut le 4 août que nous mîmes le cap au large, pour gagner la vue de l’île de Porto-Santo.

Le 6, entre dix et onze heures du matin, nous apperçûmes une très-forte aurore boréale, qui alloit de l’ouest-nord-ouest au nord-nord-est. L’air y sembloit tout en feu ; les jets de lumière qui partoient de l’horison se succédoient sans interruption, et le ciel, chargé par le bas de nuages, parroissoit de ce côté là dans une agitation continuelle. Le vent, qui se trouvoit au nord, ne souffloit alors que foiblement, et pendant la plus grande chaleur du jour le thermomètre de Fharenheit monta à 67°. Nous nous trouvions à midi par la latitude nord de 48° 1′. Le vent se soutint pendant quelques jours avec assez de force au nord, et nous porta le 16 août à la vue des îles de Porto-Santo et de Madère. Nous nous trouvâmes ici à 3° 6′, ou trente-neuf milles plus à l’est que ne le portoit notre estime, depuis le 2 du même mois que nous avions pris la hauteur de la pointe du cap Lésard. Cette erreur d’estime, en tirant à l’est, arrive assez souvent aux vaisseaux qui naviguent dans ces parages. On doit l’attribuer sans doute au courant qui se fait sentir dans le