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me, et quelquefois même plus grosse encore. Ce fruit a une odeur fort désagréable, qui répugne beaucoup la première fois qu’on en mange ; elle excite même alors des nausées ; mais on s’y accoutume bientôt quand on a pu se résoudre à le goûter ; de sorte même qu’on le préfère à tous les autres fruits. Les Chinois en font un grand cas à cause de sa vertu prolifique. Le manguier mérite également que nous en fassions une description plus détaillée que des autres arbres de ces contrées. La mangue, lorsqu’elle est mûre, a la forme d’un long et mince œuf d’oie. Sa coque est jaune, épaisse et molle ; sa chair, d’une substance ferme, est intérieurement couleur d’orange, à peu près comme celle du melon, dont elle tient aussi par sa saveur ; mais elle est bien plus agréable à manger quand le fruit est parfaitement mûr et que la qualité en est bonne. Dans l’intérieur se trouve un gros noyau, qu’on en arrache pendant que le fruit est verd, et dont on remplit le vide qu’il laisse avec du piment, du gingembre, et d’autres épices fortes ; ensuite on le confit dans du vinaigre, et c’est-là ce qu’on appelle de l’atchiar ; qui se transporte ensuite par-tout. La mangue est regardée comme le fruit le plus délicat de l’Inde. Elle a, en général, la grosseur d’une pomme, et ressem-