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Le 3 avril, nous passâmes le tropique du Cancer ; le jour suivant le commandant de la flotte fit arborer le pavillon de conseil pour appeler à son bord tous les chefs des autres vaisseaux.

Lorsque nous nous fûmes rendus à bord, à huit heures du matin, on tint un grand conseil pour y lire les instructions secrètes que le commandant avoit reçues du gouverneur du Cap de Bonne Espérance, avec ordre de n’ouvrir ses dépêches qu’à la hauteur où nous nous trouvions actuellement. Ces instructions nous indiquoient le lieu où croisoient les vaisseaux de guerre destinés à nous servir de convoi ; savoir, la pointe du cap Lésard dans la Manche. Le conseil fini, on condamna, après interrogatoire, un matelot, pour crime de révolte, à être jeté trois fois consécutivement de la grande vergue en mer, pour être ensuite attaché au cabestan et y recevoir un certain nombre de coups de garcettes ; ce qui fut exécuté sur-le-champ ; après quoi on le transporta sur un autre vaisseau. Le reste du jour se passa agréablement, et chacun fut rejoindre son bord au coucher du soleil : pendant ce tems tous les vaisseaux saluèrent le commandant par onze coups de canon.

Nous trouvâmes que nous étions ce jour-là