Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les deux cents brasses. On s’apperçoit si l’on est à l’est ou à l’ouest du cap des Aiguilles par la profondeur de la sonde et la nature du fond qu’on trouve sur le banc. À l’est le fond est dur et à l’ouest il est mou, comme de la vase liquide, par une profondeur beaucoup plus grande ; de sorte que lorsqu’on a doublé ce cap à l’ouest, on se dégage insensiblement du fond.

Les courans qu’on éprouve souvent sur ce banc de sable sont dangereux par les rudes brisans qui s’y font sentir, et qui ont causé la perte de plusieurs vaisseaux de la Compagnie ; particulièrement de ceux des seconds convois, qui doivent attaquer ce banc au mois d’avril ou de mai, tems où ces parages sont exposés aux plus violentes tempêtes. Les vaisseaux qui se rendent au Cap de Bonne Espérance ne peuvent éviter de reconnoître ce banc, qui sert à indiquer leur route. Aussi la Compagnie ordonna-t-elle, en 1767 et 1768, que ses vaisseaux qui, dans cette saison, se trouveroient à cette hauteur, devoient attaquer la pointe du banc pour vérifier et corriger leur pointage ; et qu’aussitôt qu’ils auroient trouvé fond, ils prendroient par le sud en arrondissant la pointe du banc sans aller reconnoître le Cap de Bonne-Espérance ; mais