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tuellement de la mer du Sud. À bord de ce navire se trouvoit un Sauvage d’une des îles qu’il avoit découvertes dans la mer du Sud, mais dont il refusoit d’indiquer la position. Ce Sauvage étoit un homme d’une taille ordinaire, plutôt replet que maigre, d’un brun foncé, avec de longs cheveux noirs fort épais qui lui flottoient jusque sur les reins ; il avoit le front bas, la barbe noire et non épilée contre la coutume des Orientaux ; les ongles de ses mains étoient fort longs il paroissoit d’un caractère timide et craintif ; son vêtement consistoit en un grand morceau d’étoffe blanche qui lui pendoit sur les épaules, et qui me parut faite d’écorce d’arbre. Parmi les personnes qui avoient amené ce Sauvage se trouvoit M. Solander, Suédois, qui entendoit, à ce qu’il nous dit, le langage de cet insulaire avec lequel il sembloit, en effet, s’entretenir, mais principalement par signes, du moins autant que je pus le voir. Il ne vouloit rien manger de ce qu’on lui présentoit, et portoit continuellement ses regards de côté et d’autre, comme une personne qui seroit saisie d’étonnement.

Les Anglois nous dirent qu’ils avoient passé huit mois dans l’île de ce Sauvage, à laquelle ils donnoient le nom d’Otahiti ; dont