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voir ces îles), nous avoient fait dériver à trente-trois milles au moins à l’est.

Lorsque nous apperçûmes la terre, nous en étions, d’après notre estime, à quatre milles et demi : elle s’offrit à nous à l’est comme une chaîne de petites îles ; mais plus au nord, elle nous parut une terre continue avec de hautes montagnes dans l’intérieur du pays.

Ce fut un bonheur pour nous de nous trouver encore à quinze ou vingt milles au-dessus de la pointe d’Atchin ; car si nous avions été près de cette pointe ou au-dessous, il nous auroit été de toute impossibilité de faire route à l’ouest de Sumatra. Nous courûmes même encore le danger d’être entraînés à l’est par les calmes constans et par les courans rapides qui venoient tantôt du nord et tantôt du sud-est.

Pendant ces bonaces, je faisois souvent mettre la chaloupe en mer pour observer la direction des courans. Pour cet effet on attachoit un fort grapin de chaloupe dans un grand baquet, auquel on fixoit une corde assez longue pour que cet appareil put descendre à six ou sept cents brasses dans la mer. Comme à cette profondeur les courans ne se font plus sentir, la chaloupe se trouvoit, pour ainsi dire, à l’ancre devant cette