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l’impossibilité de quitter le Gange par le changement de mousson. Par ce moyen, M. V… auroit pu se rendre de Batavia en Europe avant qu’on n’y eut reçu des dépêches qui ne lui étoient guère favorables, et qui l’auroient fait retenir à Batavia pour y rendre compte de sa conduite. Tout cela se passa comme il paroît l’avoir craint ; car je fus assez heureux pour arriver encore de bonne heure au chef-lieu des établissemens de la Compagnie dans les Indes.

Je reçus enfin mes papiers le 31 mars ; mais lorsque je me fus rendu à mon bord, mon pilote qui devoit conduire le vaisseau en mer fit quelques difficultés à cause que la mousson avoit déjà changé, et que nous avions tous les jours de gros tems à attendre ; ajoutant que si cela nous arrivoit entre les bancs, nous avions à craindre d’y voir périr le vaisseau avec tout son équipage. Cependant je le déterminai à partir par un léger cadeau que je lui fis, et en lui promettant de ne point attendre après ce qui manquoit pour completter notre cargaison. Ayant ensuite assemblé le conseil du vaisseau, on convint unanimement qu’il étoit plus de l’intérêt de la Compagnie de partir sans prendre à bord les marchandises qui dévoient nous arriver encore de