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pies, ou quinze cents florins de Hollande.

Les mêmes députés qui étoient venus recevoir M. V… raccompagnèrent aussi, à son départ, jusqu’au badjerah. Nous partîmes au coucher du soleil, et arrivâmes le surlendemain à Chinsura.

Le 9 mars, les directeurs reçurent une lettre de Patna, grande ville du royaume du Bahar, à environ quatre-vingt-dix milles de Chinsura, où la Compagnie possède une factorerie pour le commerce du salpêtre et de l’opium. On mandoit par cette lettre que la famine y régnoit au point qu’il mouroit de centaines de personnes par jour ; de manière que les employés de la factorerie évitoient de sortir de la loge, pour ne pas être les témoins de l’état déplorable où se trouvoient les pauvres habitans, qu’on rencontroit par grandes quantités, mourant de faim dans les rues et le long des routes. On peut appliquer ici le proverbe qui dit, que la nature en sait plus que le précepte ; car si ces pauvres gens avoient pu vaincre leur opinion sur la doctrine de la métempsycose, qui leur défend de manger de tout ce qui a reçu vie, ils auroient pu prolonger leur existence en se nourissant de la chair des animaux.

Cette famine passa de Bahar au Bengale.