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d’un bâtiment en pierres, qui servoient de demeure à un fakir, espèce de saint personnage du pays. Il étoit accroupi entièrement nu, près d’un feu couvant sous la cendre. Ses longs cheveux noirs étoient roides de cendres et d’autres ordures avec lesquelles il les frottoit. Le bout de son prépuce étoit garni d’un anneau de cuivre de la grosseur d’une plume et de trois pouces de diamètre ; mais il y étoit fixé de manière à ne pouvoir blesser l’urètre. Pendant que nous étions avec lui, une femme vint lui baiser respectueusement cette partie de la génération, dans l’espérance que cela serviroit à la rendre féconde.

Ces fakirs, pour lesquels le peuple du Bengale a beaucoup de vénération, parcourent en grand nombre le pays, sans s’inquiéter de leur subsistance, à laquelle les superstitieux Bengalois ont soin de pourvoir. J’en ferai mention ailleurs.

Dans l’après midi nous vinmes rejoindre notre badjerah, et descendîmes la rivière. Nous trouvâmes par tout les rives du Gange fort tranquilles, mais ça et là tellement creusées par l’eau qu’il s’en détache souvent des masses de terre d’une grandeur énorme, ainsi que nous en vîmes des preuves en plusieurs endroits.