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ron un quart de lieue de la rive, un petit village ; et un peu plus avant il y avoit une forêt de haute futaie, fourrée de bois taillis à laquelle on avoit donné le nom de forêt aux singes, à cause de l’étonnante quantité de ces animaux qu’on y trouve. Ces singes étoient de la grandeur d’un chien couchant, avec des longues queues qu’ils tenoient relevées en l’air quand ils couroient. Au premier coup de fusil que nous leur tirâmes, ils s’enfuirent tous dans les cimes des arbres, après avoir jeté dans les broussailles les jeunes qu’ils tenoient entre leurs pattes ; sans qu’il nous fut jamais possible d’en trouver un seul, malgré toutes les peines que nous prîmes pour cela. Les grands sautoient avec une inconcevable agilité d’un arbre à l’autre. Nous en tuâmes quelques-uns ; ce qui fit jeter aux autres des cris effroyables, quand ils les virent tomber des arbres.

Les Bengalois furent très mécontens de cette expédition, et nous prièrent de n’en plus tuer ; parce qu’ils sont dans la ferme persuasion que c’est principalement dans le corps de ces animaux que se réfugient les âmes de ceux qui meurent.

Un peu plus avant dans le pays nous vîmes un petit bois, où nous trouvâmes les ruines