Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La rade de Voltha est assez sûre pour les vaisseaux lorsque les changemens des moussons ne sont pas accompagnés d’ouragans, car dans ce cas elle est fort dangereuse de même que tout le Gange. Les vaisseaux y sont aussi à l’abri de l’impétuosité des flots, qui, au commencement de la marée, s’élèvent souvent tout à coup à six pieds et même plus ; de sorte qu’ils arrachent quelquefois les navires de leurs ancres, en rompant les cables, et les jettent contre la rive ou sur quelque bas-fond. La marée ne donne point du côté de Voltha, mais sur la rive opposée. Il y a un fond tenace dans lequel les ancres tiennent tellement qu’on ne peut les en arracher sans courir le risque de rompre les cables. Lorsqu’il arrive que les vaisseaux sont obligés de passer une année entière sur le Gange, on les conduit pour quelques mois jusque devant Chinsura, ainsi que cela eut lieu avec le vaisseau de la Compagnie le Vaillant.

Le 17 arriva sur la rade de Voltha le vaisseau de la Compagnie la Ville d’Enkhuisen ; lequel étoit aussi parti avant moi de Batavia, mais il avoit relâché à la côte de Coromandel. Ce bâtiment, dont le capitaine venoit de mourir pendant le trajet, avoit ordre de se rendre dans la patrie.