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Jusqu’ici le terrain que nous avions laissé derrière nous en montant la rivière étoit inhabité, inculte et rempli d’un grand nombre de tigres et d’autres bêtes féroces. Les bords étoient, en général, garnis de bois taillis fort épais ; mais un peu au-delà de la branche du Lièvre, nous commençâmes à appercevoir des maisons, et même quelques hameaux des habitans du Bengale.

Dans l’intérieur des terres, nous vîmes des plaines unies, dont quelques parties étoient cultivées, et entre ces champs il y avoit des prairies d’une belle verdure ; ce qui nous procuroit des points de vue charmans pendant notre navigation. Plus nous remontions la rivière, et plus l’aspect du pays devenoit riant. Par fois nous découvrions des troupeaux de plus de cent bêtes à cornes.

Vers les trois heures de l’après-midi, nous passâmes devant un village appelé Dover, où les Anglois ont une factorerie et quelques magasins. Il y a ici une bonne et sûre rade, fort fréquentée par leurs vaisseaux, dont nous en trouvâmes alors plusieurs. Près de là est l’embouchure de la branche des Chevrettes, qui s’étend fort avant dans les terres. Au coucher du soleil, la marée et le vent contraire nous obligèrent de mouiller à la pointe des