Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laissâmes à stribord. Cette île est longue et basse ; le peuple de Bengale la regarde comme un lien saint. Immédiatement après midi, nous passâmes la rade d’Insely, où nous commençâmes à appercevoir la terre des deux côtés ; tandis que, depuis l’île de Sagor, nous ne l’avions vue qu’à stribord, et point du tout à bâbord. Ces terres sont fort basses près de l’embouchure de la rivière ; de sorte qu’en venant de la mer, on ne peut les découvrir qu’à la distance de trois milles. À trois heures, nous passâmes le Jennegat, qui, de tous ces bancs, est le plus dangereux à franchir ; car les navires qui touchent sur un de ces bas-fonds, qui rendent ce passage si étroit, sont immanquablement perdus ; comme cela eut lieu, il y a trois ans, avec le vaisseau de la Compagnie appelé la Dame-Petronelle, dont on ne put sauver qu’une partie de la cargaison ; le navire se trouva en fort peu de tems englouti par le sable mouvant.

Au coucher du soleil, nous mouillâmes près de la branche de Kisseryen, où il nous vint à bord un petit bâtiment, par lequel je fis passer à Hougly les papiers de la Compagnie dont j’étois chargé.

Le jour suivant, 23 septembre, nous levâmes l’ancre vers les neuf heures du matin, et