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d’abord à notre vue avec trois petites collines isolées les unes des autres. Cent brasses de ligne ne suffisoient pas alors pour nous faire trouver fond, et il n’y avoit aucune altération dans la couleur de l’eau ; mais dans l’après-midi, nous trouvâmes fond par soixante-dix brasses, sur une argile bleuâtre. Le soir nous présentions le côté au mont Carepare, à quatre ou cinq milles de la terre la plus proche. Nous trouvâmes que, depuis que nous avions pris la hauteur de l’île du Prince, nous étions à vingt-un milles plus à l’est que nous ne devions l’être suivant notre estime. La côte n’est pas haute ici, et se trouve garnie ça et là de dunes de sable entremêlées d’arbres verds. On y apperçoit aussi, en longeant la côte, deux grandes pagodes, dont l’une, celle de Jagernate, est le principal temple des Gentoux qui habitent l’Inde proprement dite.

On assure que ces temples sont d’une grande richesse par l’affluence d’un nombre considérable de pèlerins qui s’y rendent de toutes parts, et qui, dans l’espoir d’être purifiés de leurs péchés, y font des présens plus ou moins riches, suivant leurs facultés. On prétend aussi qu’un certain corsaire, nommé Jagernate, qui avoit amassé des richesses immenses par ses pyrateries, avoit fait bâtir ce tem-